Laissez-moi manger
Une de mes plus grandes angoisses est de manger seule en public.
Cette angoisse doit remonter au collège. Car en tant que personne grosse, j’ai essuyé beaucoup de railleries (comprenez par là « insultes de la pire espèce ») de mes « chers » petits camarades. Un exemple : lorsque je faisais la queue pour accéder à la cantine, on m’en sortait manu militari en m’expliquant que je pouvais bien attendre, vu les « réserves » que j’avais. Du coup, l’idée qu’on me voit manger, seule de surcroît, me donnait l’impression de confirmer ce qu’ils pensaient de moi. Ainsi, je préférais me terrer au fond du CDI, plutôt que de manger à la cantine. Et si, par malchance, le CDI était fermé, je me cachais dans les cages d’escalier, en espérant ne croiser aucun professeur, et j’attendais là, seule, la fin de l’heure du déjeuner.
Cette angoisse doit remonter au collège. Car en tant que personne grosse, j’ai essuyé beaucoup de railleries (comprenez par là « insultes de la pire espèce ») de mes « chers » petits camarades. Un exemple : lorsque je faisais la queue pour accéder à la cantine, on m’en sortait manu militari en m’expliquant que je pouvais bien attendre, vu les « réserves » que j’avais. Du coup, l’idée qu’on me voit manger, seule de surcroît, me donnait l’impression de confirmer ce qu’ils pensaient de moi. Ainsi, je préférais me terrer au fond du CDI, plutôt que de manger à la cantine. Et si, par malchance, le CDI était fermé, je me cachais dans les cages d’escalier, en espérant ne croiser aucun professeur, et j’attendais là, seule, la fin de l’heure du déjeuner.
Encore aujourd’hui, j’éprouve une appréhension lorsque je mange à l’extérieur sans compagnie. J’ai toujours cette impression que l’on me regarde, que l’on me juge, que l’on analyse la moindre miette que j’ingère, qu’on la pèse, afin de déterminer, à chacune de mes bouchées, si je ne plante pas là un clou supplémentaire dans mon cercueil.